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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 08:00

debat-nano

Jet d’ammoniaque à Toulouse, chahut et airs de pipeau à Grenoble, huées et sifflets à Lille, dégradations à Orsay. Depuis son lancement le 15 octobre 2009 à Strasbourg, le Débat public Nanotechnologies a été régulièrement perturbé ou empêché, obligeant la CPDP à mettre en place un système de retransmission vidéo pour les 9 derniers débats. Le débat entre les experts, retranchés dans un studio, était retransmis à la fois au public local et sur internet, chacun pouvant poser des questions. Le « repli des organisateurs sur la toile protectrice d’Internet », selon la formule de Bernadette Bensaude-Vincent leur a été imposé pour sauver les débats.

 

Certains ont crié au scandale, parlant de déni de démocratie. Il est vrai que ce dispositif restreignait la liberté de perturber les débats. Mais en rendant accessible à tous les français des débats locaux, il a permis de rétablir le principe d’égalité mis à mal par la CPDP. En prévoyant de débattre d’un thème différent dans chacune des villes visitées, elle n’avait en effet pas suffisamment pris en compte le caractère national du débat.

 

En visionnant la vidéo du débat de clôture à Paris le 23 février 2010, retransmis sur internet depuis la Maison de la chimie où étaient réunis experts et public invité, on s’aperçoit toutefois des limites du dispositif mis en place par la CPDP. De véritable débat, il n’y en a pas eu beaucoup, et quand il a eu lieu, il était sérieusement handicapé par un séquençage des interventions par ordre de demande de parole plutôt que par thème. D’autre part, internet a été plus utilisé comme un moyen de diffusion que comme un outil de délibération ou d’élaboration collective. Le centre de gravité du débat était clairement à la tribune, pas sur le site.

 

Pour des débats d’ampleur nationale, Internet est devenu incontournable pour que tout français puisse s’exprimer, quelque soit sa localisation géographique. Mais s’exprimer ne suffit pas. Il faut pouvoir délibérer.

 

Le dépôt à l’assemblée le 23 décembre 2009 d’une proposition de loi « relative à l’organisation du débat public sur les problèmes éthiques et les questions de société » indique que l’on s’oriente vers l’institution de conférences de citoyens, et donc d’une délibération déléguée à des jurys citoyens. Outre le fait qu’il est impossible de garantir la représentativité de ces jurys, ce système retombe dans la démocratie représentative là où l’on souhaitait introduire de la démocratie participative. Seul internet peut assurer l’universalité d’accès aux débats (aux questions de maîtrise de l’outil près…). Mais il faudrait pour cela inventer les procédures permettant de délibérer à distance et mettre au point les logiciels correspondants.

 

Par Eric Lombard

 

 

Source : Débatpublic.net, le 1er mars 2010.

 

 

 

 

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